Pourquoi la Charte?

Le Projet FRIENDLY NORMANDY

IDENTIFIER LES DISCRIMINATIONS POUR MIEUX LUTTER

1 Que sont les LGBTI-phobies ?
L’homophobie est le terme générique employé pour désigner toutes les discriminations ou agressions dont sont victimes les homosexuel·les (gays et lesbiennes).
Nous préférerons employer ici le terme de LGBTI-phobie, parce qu’il est plus précis.
L’acronyme LGBTI – qui signifie Lesbiennes, Gays, Bis ,Trans et Intersexes – désigne
ainsi toutes les personnes qui possèdent une identité différente de la norme hétérocisdyadique-centrée.
Aussi, parler de LGBTI-phobies – plutôt que d’homophobie – permet de regrouper toutes les formes de discriminations ou d’agressions vis-à-vis des personnes LGBTI.
Comme le sexisme présuppose que certaines personnes vaudraient plus que d’autres, les LGBTI-phobies postulent que l’hétérosexualité serait supérieure à l’homosexualité et la bisexualité, et qu’être cisgenre et dyadique (non transgenre et non intersexe) est la norme.
Les manifestations de LGBTI-phobies connaissent une grande variété, allant de la blague sur les «pédés», jusqu’au meurtre, en passant par les insultes, les coups et toutes sortes de discriminations dans l’accès aux services par exemple. Elles peuvent être insidieuses ou revendiquées selon les motivations de leurs auteur·ices.

TROIS GRANDS TYPES DE LGBTI-PHOBIES

Les « culturelles »
C’est la forme la plus répandue et la plus inconsciente.
Elle fait partie du quotidien et n’est quasiment jamais dénoncée quand elle se présente. Ses manifestations commencent par le fait de considérer que les personnes LGBTI peuvent être « tolérées », et aussi que le statut LGBTI peut être « avoué », comme une faute.
Ce sont également toutes les insultes dans les cours de récréation ou dans les stades qui associent les personnes
LGBTI à des humains inférieurs ou qui les moquent.
Les LGBTI-phobies culturelles reposent sur une accumulation d’idées reçues, de croyances et de préjugés difficiles à faire évoluer, parfois parce que les personnes qui les véhiculent n’ont – en toute bonne foi – aucunement l’impression de manifester un comportement LGBTI-phobe.

Les « théorisées »
Elles sont fondées sur des thèses religieuses, philosophiques, politiques ou pseudo-scientifiques qui affirment que les personnes LGBTI représentent un danger pour l’équilibre des sociétés humaines.
Ces formes de LGBTI-phobies sont souvent très violentes, et ne reposent sur aucune vérité tangible mais utilisent tous les clichés possibles pour diaboliser les personnes LGBTI.
Ainsi, elles les combattent en prétendant guérir ce qui n’est pas une maladie, militent pour leur exclusion et parfois appellent à leur extermination, comme le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les « intériorisées »
Ce sont peut-être les formes de LGBTI-phobies les plus délicates à combattre parce qu’elles sont le fait de personnes LGBTI elles-mêmes, ne parvenant pas à s’accepter telles qu’elles sont.
Les personnes LGBTI comprennent leur particularité vis-à-vis de leur entourage hétérosexuel, cisgenre et dyadique, le plus souvent à la puberté. Cette découverte est parfois diffi cile, car l’environnement et l’éducation font peu – voire pas du tout – référence à la diversité des orientations sexuelles, des identités de genre ou de variations de sexe.
Ainsi, dans leur famille ou à l’école, les personnes LGBTI subissent des LGBTI-phobies culturelles et théorisées, et les intègrent.
Les LGBTI-phobies intériorisées s’expliquent par la diffi culté de chaque individu à s’affranchir de tout ou partie de son éducation et de ses infl uences passées. Cela se traduit parfois par une dévalorisation, une perte d’estime de soi, pouvant aller jusqu’à un passage à l’acte suicidaire.
Selon des études concordantes, les adolescent·es LGBTI ont jusqu’à 13 fois plus de risque suicidaire que leurs camarades hétérosexuel·les, cisgenres et dyadiques.

2 Comment les prévenir ?
Les injures à l’école, les discriminations au travail, les agressions dans la rue, le propos LGBTI-phobes sur internet, certaines inégalités persistant dans la loi : tout cela existe bel et bien. L’actualité nous rappelle à quel point les LGBTI-phobies restent violentes dans la société française.
Malheureusement, l’une des réactions les plus courantes concernant les LGBTIphobies est le déni même de leur existence : en prendre conscience, c’est déjà les faire reculer.
Malgré certains progrès, la route vers l’égalité totale effective est encore longue.

Quelques moyens de lutte individuelle :
– en intervenant lorsque vous êtes témoin d’un acte ou de propos LGBTI-phobes, et en appelant les secours face à une situation difficile ou dangereuse.
– en accompagnant et réconfortant les victimes.
– en signalant les agressions, le silence étant la meilleure protection des agresseurs.

AGIR COLLECTIVEMENT

1 Contre l’isolement
La peur des violences LGBTI-phobes amène leurs victimes à rechercher spontanément des espaces où elles se sentiront en sécurité. Il en résulte souvent un isolement social.
Vivre ouvertement son identité de genre, son identité sexuée ou son orientation sexuelle demande du courage. Il faut supporter les risques de rejet ou de violence, parfois au sein de sa propre famille, de ses ami·es, de ses collègues de travail, de ses voisin·es… Il faut faire face à l’incompréhension de certain·es commerçant·es ou agent·es publics, il faut se battre pour faire changer ou appliquer des lois. Il faut souvent lutter pour se faire respecter tel qu’on est.
Les structures accueillant majoritairement des personnes LGBTI (commerces, associations communautaires) existent depuis très longtemps. Elles offrent à leurs publics la sécurité et la possibilité de rencontrer des personnes de même sensibilité. Ces lieux sont généralement référencés et bien identifiés.

En revanche, nombre d’établissements « grand public » réservent un accueil aussi bienveillant aux personnes LGBTI qu’aux personnes hétérosexuelles, cisgenres et dyadiques.
Ces établissements ne sont pas des lieux communautaires, ces lieux sont dits « Gay Friendly ».
Pour favoriser la mixité, il est nécessaire de les identifier.

2 Une action régionale : Friendly Normandy
Pour favoriser la mixité des lieux d’accueil professionnels, touristiques et de loisir, le centre LGBTI de Normandie et les associations adhérentes ont décidé de développer le projet Friendly Normandy.
Cette démarche consiste à proposer à tous les responsables de lieux d’accueil normands de s’engager à offrir toutes les garanties d’accueil, de services et de tranquillité aux populations LGBTI.
Ce projet s’adresse à tous·tes cel·leux qui veulent agir pour lutter contre les LGBTI-phobies et les préjugés et qui sont amené·es à recevoir du public : élu·es, commerçant·es, directeur·ices d’établissements privés ou publics, professions libérales, président·es d’associations et de clubs sportifs, directeur·ices d’hôtels, restaurants, bars, responsables de musées, …
L’engagement contre les LGBTI-phobies pris par les responsables se concrétise en une charte à signer et un label à apposer visiblement.
Il est à destination des personnes LGBTI résidant en Normandie et également aux touristes LGBTI qui visitent la région.
Vous engager, c’est contribuer à faire reculer les LGBTI-phobies !

Par la signature de la Charte, les structures obtiennent le label Friendly Normandy. La signature sera validée après le règlement d’un droit d’utilisation du label et après l’inscription des personnes en contact avec le public à une des séances de sensibilisation aux LGBTIphobies, aux questions de genre, d’orientation sexuelle et d’identité sexuée.
Ce label est attesté par un emblème autocollant (10 x 10 cm) qui doit être apposé publiquement et visiblement à l’entrée de l’établissement signataire.
Les signataires peuvent se prévaloir du label et utiliser l’emblème dans leur propre communication à condition de ne pas en altérer la forme et les couleurs.
Le Centre LGBT de Normandie publie les coordonnées des établissements signataires dans l’annuaire de la Charte sur son site :
http://www.centrelgbt-normandie.fr/charte-friendly-normandy/